« Devoir » et « Intérêt » selon les morales orientale et occidentale - 中欧社会论坛 - China Europa Forum

« Devoir » et « Intérêt » selon les morales orientale et occidentale

Auteurs : Luo Guoxiang

Date : juin 2001

Publié par Journal de l’université de Wuhan

(1). Considérer le devoir en méprisant l’intérêt/ avantages et désavantages de la conception de la valeur d’ « ordre ».

Le maître Confucius a dit : « Le disciple de la sagesse est très intelligent en ce qui concerne le devoir et l’homme vulgaire, en ce qui concerne l’intérêt propre ». Il met l’accent sur le devoir au détriment de l’intérêt, c’est à dire que le devoir est plus important que l’intérêt, supérieur à l’intérêt. Dans la conception traditionnelle chinoise, il existe un conflit entre le devoir et l’intérêt.

Si l’on ne met pas en valeur le devoir et que l’on aspire uniquement au profit, les vassaux et le peuple tromperont le souverain avec des menées secrètes, et vice-versa. Ainsi, l’État sera en danger. Si l’on fait passer le devoir avant l’intérêt, on peut nommer quelqu’un selon ses mérites dans le gouvernement du pays, sans considérer la relation proche ou distante avec soi-même: l’État sera par conséquent tellement puissant qu’il arrivera à dominer le monde, sinon l’État sera en bouleversement, même en ruine.

Tragédie de la conception de « préconiser en même temps le devoir et l’intérêt ».

L’école mocianiste de la période postérieure estime que « le devoir, c’est l’intérêt » en expliquant que « l’intérêt, on est content de l’avoir », « le mal, on déteste l’avoir ». Cette école considère que « rechercher l’intérêt en évidant le mal » est l’instinct de l’homme. Sur le plan de la morale, se traduit une sorte d’humanisme qui est contre et rejete l’idée préconisant que chercher l’intérêt est un vice contre nature. Cette idée a beaucoup influencé la naissance de l’égoïsme rationnel à l’époque moderne de la Chine. YAN Fu, penseur de l’époque des lumières chinoises, a dit : « chercher son intérêt au détriment de celui des autres est une erreur, alors que chercher l’intérêt des autres au détriment du sien propre est aussi une erreur ». Ce qui signifie qu’être parfaitement désintéressé ou ne penser qu’à soi-même en faisant du tort aux autres, ces deux façons de pensée, ni l’une ni l’autre ne convienne. Selon la bonne conception de l’utilité, on doit faire du bien aussi bien aux autres qu’à soi-même, à savoir rechercher le « double intérêt ».

Bien que les préconiseurs du « double intérêt » aient eu raison de dire que le devoir et l’intérêt s’engendrent et se dominent, leur opinion n’est non seulement jamais devenue le courant dominant de la conception de la valeur, mais aussi on a été obligé de mettre le « devoir » à la première place tout en rejetant l’intérêt dans la pratique. Ce n’est pas incorrect, mais ce qui est lamentable est que la classe dirigeante, tout en spéculant sur cette idée correcte, « prend le profit du peuple », « supprime les intérêts du peuple », « gaspille le travail du peuple » sous prétexte de mettre le « devoir » en priorité. Il en résulte que des phénomènes comme « concussion », « prodigalité », « gaspillage des ressources humaines et matérielles » sont très fréquents sous couvert du « grand intérêt » (l’intérêt du peuple étant l’intérêt privé ou le petit intérêt). Même de nos jours, ce fait observable existe encore malgré des interdictions constantes.

Une bonne conception, déformée et mal utilisée, contrevient à l’intention originelle des préconiseurs de cette pensée, ce qui est selon nous une réalité tragique dans la culture traditionnelle chinoise. Nous devrions y faire face sérieusement et le mettre en évidence sans aucune hésitation de façon à éviter de refaire les mêmes erreurs.

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