Politique de gestion de l’espace urbain dans le processus de travail transnational : le système des usines-dortoirs à l’ère de la mondialisation - 中欧社会论坛 - China Europa Forum

Politique de gestion de l’espace urbain dans le processus de travail transnational : le système des usines-dortoirs à l’ère de la mondialisation

Auteurs : Ren Yan, Pan Yi

Date : 2006

Publié par Sociological Studies No. 4

Cet article se penche sur le système des usines-dortoirs, un système spécifique à la Chine à l’ère de la mondialisation. Il nous offre un point de vue inédit pour l’analyse du processus de travail transnational.

Cet article a pour but d’examiner sur le plan théorique l’intérêt politico-économique du système actuel d’usines-dortoirs en Chine en tant qu’espace de production. Passant en revue l’historique de ce système en Chine, l’article regroupe certaines de ses caractéristiques générales et décrit son influence dans la formation de la nouvelle classe ouvrière chinoise.

Il tente également de comprendre la restructuration de l’espace de production et de l’espace vital des travailleurs et l’interaction entre ces deux espaces dans le processus de travail transnational à travers la double logique d’intervention de l’État et du capital.

L’auteur estime que ce système d’usines-dortoirs issu du processus de travail transnational réorganise la double intervention de l’État et du capital à petite échelle, dans cet espace de production particulier. Ce système associe étroitement l’espace de production des produits à l’espace vital des travailleurs permettant la reproduction de la force de travail. La logique économique des entreprises est de maximiser les profits par la maîtrise des travailleurs dans le processus de production. Quant à l’État, en maîtrisant la mobilité des travailleurs, son objectif politique est d’industrialiser et d’urbaniser le pays sans avoir à prendre en charge l’accueil de cette main d’oeuvre en ville.

Le système originel d’enregistrement d’état civil du « Hukou » et le nouveau système de contrôle de la main d’oeuvre ont fait naître une forme particulière de pouvoir. D’une part, le processus d’industrialisation et d’urbanisation nécessite le transfert en zone urbaine de la population rurale active pour y travailler dans les usines. D’autre part, les villes appliquent une réglementation empêchant l’émergence de cette main d’oeuvre en tant que classe ouvrière, en lui interdisant de s’installer chez elles de manière durable avec ses propres quartiers de vie. Par conséquent, ce système permet au capital d’exercer un contrôle absolu sur la vie quotidienne des travailleurs les poussant à assurer une productivité maximale à l’entreprise.

Le système des usines-dortoirs en tant que nouvelle forme d’espace social est apparu avec la délocalisation de la production entraînée par la mondialisation. Il combine l’espace éminemment abstrait du capital à un espace de production spécifique concret. Ce système, nouvelle forme de gestion de la main d’oeuvre dans le processus de travail transnational, offre en même temps des perspectives pour l’émergence d’une solidarité entre travailleurs, la naissance de mouvements de résistance et la transformation des relations de travail, car il permettra l’expression de la relation dialectique entre le contrôle exercé sur les travailleurs et la résistance de ceux-ci à cette emprise. Le capital et les travailleurs vont renforcer leur pouvoir à travers le contrôle conscient de cet espace. De ce point de vue, l’espace dortoir dans les entreprises est une entité spécifique concrète parfaitement délimitée.

La signification politique, économique et culturelle du système d’usines dortoirs en tant qu’espace de production unique en son genre dans le processus de travail transnational exige des études systématiques plus approfondies.

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