中欧社会论坛 - China Europa Forum

Présentation de l’atelier

Internet et le changement des comportements sociaux (proposition européenne)

 De tout temps les cultures humaines ont intégré la relation en réseau inter-individuel ou inter-groupes pour échanger et/ou partager de manière dynamique des savoirs et des pratiques. Le principe du réseau est au cœur même de la dynamique sociale, que ce soit au niveau basique de la famille, des communautés villageoises, de la cité ou des Etats. Les contours de ces réseaux ont des formes et des règles extrêmement variées dans le temps et l’espace, liés bien sûr à leur objet propre, mais aussi aux outils disponibles pour les asseoir.

 Un réseau d’individus dans un temps donné, est une communauté vivante partageant au moins un centre d’intérêt commun et utilisant au minimum un outil ou un vecteur pour échanger. Cet outil pouvant être le langage, l’écriture, l’iconographie ou l’architecture ; lesquels s’appuient sur des moyens ou des techniques, parmi lesquels l’imprimerie, les transports individuels ou collectifs et les technologies de communication ou de traitement de données. Autrement dit, il y a une itération ou dialectique forte entre la volonté des Hommes de s’organiser en réseau et les moyens qu’ils ont mis en œuvre à travers l’Histoire pour les faire vivre.

 Un réseau est donc un organisme vivant constitué d’individus vivants quelles que soient les règles ou les "lois" imaginées pour son fonctionnement. Il a un début et une fin, et une période de développement plus ou moins complexe, selon son objet, ses règles et les moyens déployés pour son fonctionnement. Le réseau n’est pas dynamique par ses moyens, mais par ses acteurs. Les moyens, par contre peuvent être de formidables catalyseurs de cette dynamique. L’impact de l’imprimerie pour la diffusion et le partage de la connaissance est incalculable - le savoir se déplaçait et s’étendait géographiquement sans obligation pour l’homme de se mouvoir. La révolution des transports avec le chemin de fer, puis l’automobile et l’aviation a fourni aux acteurs de réseaux la possibilité de gagner du temps et d’accroître son espace. Les "nouvelles technologies" comme le téléphone et l’ensemble de ses dérivés ont fourni de nouveaux moyens aux personnes pour créer, s’y insérer ou faire vivre des réseaux.

 Internet issu du mariage des technologies de télécommunication et des technologies de traitement de données numériques offre une famille de services propres à satisfaire nombre de besoins des personnes en réseau. En moins de quinze ans ces services se sont multipliés et cela devrait s’accélérer encore ces prochaines années. On l’appelle la "toile" en référence à l’image de la toile d’araignée comme métaphore du réseau. On l’appelle le "réseau des réseaux". Ses diverses appellations s’avèrent souvent en deçà ou à côté d’une réalité complexe rendue souvent opaque par le bruit émis par nombre d’acteurs d’une industrie naissante se battant pour ses intérêts propres. Les technologues ou les marketeurs, par abus de langage volontaire ou non, mettent en avant le "moyen" internet comme le "Réseau". Quand ils parlent de "réseaux sociaux", on ne sait plus trop bien s’il s’agit des technologies ou des individus qui en font usage. Cette confusion est dommageable pour la compréhension de l’impact réel de ces technologies sur la société.

 Si les nouvelles technologies impactent les modes de relation entre les individus et/ou les groupes en fournissant de nouveaux moyens de transmission et de partage, elles sont totalement dépendantes des acteurs qui s’en emparent ou pas, qui détournent ou pervertissent les usages standards et qui, au final, mettent en mouvement les outils. L’histoire, encore courte, de l’internet expose en permanence cette réalité où l’on voit cette itération entre usagers et concepteurs de technologies produire de nouveaux modes relationnels et en même temps de nouveaux outils.

 Y-a-il des caractéristiques spécifiques à ces outils qui permettent de mieux appréhender leur impact sur les comportements sociaux ? Peut-on développer des logiques prédictives pour tenter d’imaginer le futur de ces technologies et les changements sociaux induits ? Quelles que soient nos pratiques et nos cultures bon nombre de questions émergent. Elles seront l’objet de nos partages d’expériences et réflexions communes.