Aller plus loin que le mouvement du 4 mai et prendre en considération le patrimoine culturel immatériel - 中欧社会论坛 - China Europa Forum

Aller plus loin que le mouvement du 4 mai et prendre en considération le patrimoine culturel immatériel

Auteurs : Chen Lianshan

Date : 2009

Extrait de «  « Forum de cultures traditionnelles », Numéro 3, 2009 »

Les intellectuels chinois considèrent depuis toujours le peuple comme les gens dont il faut éveiller l’esprit. Ils vouent un véritable culte à la culture élite transmise par les idéogrammes, tout en négligeant les cultures traditionnelles transmises oralement. Le mouvement du 4 mai, dit le mouvement de la nouvelle culture, n’a rien changé à cet état d’inégalité culturelle entre les intellectuels et le peuple. A notre avis, il est erroné de traiter les cultures traditionnelles selon les concepts de démocratie et science, car cela enfreint le principe de diversité culturelle de l’humanité. La dissipation de ces préjugés est une condition préalable pour comprendre et sauvegarder le patrimoine culturel immatériel.

1. Une négligence invétérée du peuple et des cultures traditionnelles

La culture élite est vénérée depuis toujours par les intellectuels, qui vouent un véritable culte aux lettres. Ce culte s’étend jusqu’aux papiers, support des lettres. Les papiers où sont écrits les idéogrammes ne peuvent pas être jetés, mais doivent être brûlés cérémonieusement.

En même temps, les cultures traditionnelles, avec comme véhicule la langue orale, est négligée. Quand on parle de la culture, il ne peut s’agir que de la culture élite, décrite par les idéogrammes, alors que les connaissances et les cultures transmises oralement parmi la population n’ont pas leur place dans la culture tout court. Les cultures traditionnelles ne sont que des propos tenus par les illettrés qu’est le peuple.

Le mouvement du 4 mai s’oppose bien sûr à la culture élite tradtiionnelle et bien des intellectuels d’avant-garde de l’époque prônent d’ailleurs la littérature populaire. Mais l’objectif de ce mouvement est d’illuminer le peuple avec des concepts de démocratie et science, et le peuple reste à leurs yeux l’objet à éduquer. En fin de compte, les intellectuels chinois, aussi bien modernes qu’anciens, ne considèrent pas le peuple comme l’égal à eux, sans parler de prendre les formes de culture traditionnelle pour une culture égale à la leur et qui a sa propre valeur.

Ces préjugés n’ayant pas été dissipés, il est impossible de bien estimer la valeur du patrimoine culturel immatériel, et de le sauvegarder.

2. Comment se fait-il que le patrimoine culturel immatériel est devenu un héritage important de l’humanité ?

C’est le principe de diversité culturelle qui nous fait considérer le patrimoine culturel immatériel comme un héritage important de l’humanité. Selon ce principe, nous devons reconnaître tout d’abord que le peuple jouit d’un même droit que les intellectuels sur le plan aussi bien politique que culturel.

Nous devons reconnaître que les cultures de l’humanité sont diverses et chacune d’elles a sa propre raison d’exister. Une culture peut être exprimée non seulement par par les lettres, mais aussi par la langue orale.

Le patrimoine culturel immatériel est la garantie de la diversité culturelle de l’humanité, et cette dernière constitue une condition nécessaire au bien-être de l’être humain.

Le patrimoine culturel immatériel est une forme d’expression de la créativité humaine. Protéger le patrimoine culturel immatériel, c’est de protéger la créativité humaine.

Le patrimoine culturel immatériel est extrêmement important dans le contexte de la globalisation.

3. Quelques problèmes concrets dans la protection du patrimoine culturel immatériel

D’abord, la « fabrication » de patrimoine culturel immatériel. Comme la protection du patrimoine culturel immatériel est déjà devenue une des tâches du gouvernement local en Chine, dans certaines régions, pour accomplir une telle tâche, on emballe et même fabrique des oeuvres du patrimoine culturel immatériel. Ces actes, loin de constituer une protection, sont en fait une destruction de l’héritage culturel.

Ensuite, le dilemme entre la protection et l’exploitation. A quel degré on doit exploiter une oeuvre de patrimoine culturel ? Il est peut-être convenable de séparer la protection culturelle et l’exploitation touristique, afin de réduire les interférences des activités touristiques sur l’environnement originel de la culture immatérielle.

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