Pierre-Henri Guignard:Discour de clôture
Pierre-Henri Guignard,Secrétaire général à l’organisation de la COP21
Mesdames et Messieurs, On m’a demandé de vous dire quelques mots sur la préparation par la France de la prochaine COP. Je sais que certains d’entre vous vont partir pour Lima et nous sommes en train à peine de participer à la COP que déjà il faut que nous nous préparions pour la Conférence sur le climat qui aura lieu à Paris en 2015. C’est vrai que la Conférence est un peu exceptionnelle, différente, parce que les enjeux semblent être importants. D’abord tous les jours on nous rappelle l’urgence d’une décision sur le climat ; j’entendais ce matin sur les radios françaises des présentateurs météo qui présentaient le bulletin du climat de la météo du 5 décembre 2050 et il faisait chaud, il faisait très très chaud ! C’est une caricature bien évidemment, une illustration, je crois que nous n’avons pas besoin d’entendre le bulletin météo de 2050 pour comprendre qu’aujourd’hui déjà il fait chaud dans la Maison Commune et donc il nous appartient d’agir vite.
Et ce que je ne veux pas appeler « l’échec de Copenhague » parce que, après tout, ce qui s’est passé à Copenhague nous amène aujourd’hui à Lima et demain à Paris, après Copenhague, à Cancun à Durban , il a été décidé que l’on ne pouvait plus attendre, qu’il était temps que quelque chose soit faite, que la Communauté Internationale se mobilise pour répondre à l’enjeu essentiel qu’est celui du climat. Alors à Durban on a fixé l’échéance de 2015 pour un accord, il se trouve que 2015 c’était, dans cet ordre que vous connaissez qui est celui des Nations Unies, le tour du WEOG, ce terme un peu étonnant qui est celui qui regroupe les pays occidentaux, c’était le tour des pays occidentaux d’organiser la COP. Peu de temps avant le Président de la République François Hollande venait d’être élu et très vite il a souhaité que la France se manifeste et s’engage pour relever l’enjeu de l’accord de 2015. Il a demandé au gouvernement de se mettre en place pour qu’effectivement la candidature Française soit présentée. Alors ç’a n’a pas été trop compliqué en réalité parce que tout simplement il n’y avait pas d’autres candidats. Alors évidemment c’est une façon assez facile de remporter une désignation des Nation Unies, c’est ainsi que la France, à Varsovie l’année dernière, a été désignée pour organiser la COP 15.
Pourquoi n’y avait-il pas d’autres candidats ? Tout simplement parce que tout le monde avait à l’esprit d’abord l’exemple de Copenhague que je viens de citer mais aussi bien évidemment la gravité de l’enjeu ; et assez peu de pays étaient prêts à relever le défi. Donc une fois que le Président de la République a pris cette décision le gouvernement s’est mis en ordre de marche et a tout mis en place, tout mis en œuvre pour que nous accueillions, dans les meilleures conditions, la COP 21 à Paris. Elle aura lieu du 30 Novembre au 11 Décembre 2015 et elle doit nous mener à un accord sur le climat. Le gouvernement est totalement mobilisé, puisqu’il a mis en place un comité de pilotage ministériel, lequel est présidé par le Ministre des Affaires Etrangères et du Développement International, Laurent Fabius, auquel participe notamment Ségolène Royal, Ministre de l’Environnement de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, la Ministre du Développement International Annick Girardin, le Ministre de l’Agriculture —un secteur essentiel dans le domaine du climat— Stéphane Le Foll, mais aussi le Ministre des Finances Michel Sapin.
Je voudrais dire deux choses qui sont importantes, la première c’est que dans cette organisation, nous avons souhaité, quand je dis « nous » c’est en réalité le gouvernement français bien évidemment avec la CNUCC, le Secrétariat de la Convention-Cadre des Nation Unies sur les Changements Climatiques, nous avons souhaité que la société civile soit associée pleinement à la réalisation de cette conférence, que les neuf piliers de la société civile tel qu’il sont définis par les Nations Unies, c’est-à-dire les Organisations Non Gouvernementales, les entreprises, les syndicats, les élus locaux, les collectivités territoriales, les jeunes, les femmes, les agriculteurs, les scientifiques que tous cela soient associés demain à la conférence et ne soient pas des voisins de la conférence, des témoins lointains, mais bien directement des participants. Nous attendons 40 000 personnes, environ 20 000 délégués parce que c’est une conférence dont l’enjeu est important et à peu près 20 à 22 000 personnes qui viendront soutenir la négociation. Nous avons souhaité les installer sur le site même de la conférence de manière à ce que les délégués, les participants puissent passer directement du site de la conférence au site de la société civile à pied, sans qu’il n’y est de barrières. C’est en fait l’émergence d’un nouveau multilatéralisme que nous accompagnons en en faisant plutôt un multilatéralisme participatif et c’est un choix voulu et revendiqué par le gouvernement français. Alors bien évidemment les Etats souverains seront à la table des négociations, ce sont eux qui s’engageront, mais ils ne s’engageront pas seul, ils s’engageront, avec vous, avec moi, avec le Maire et avec tous ceux qui fréquentent la Maison Commune, parce que cet accord sur le Climat il est pour nous ! Pour nous tous ! Et pour nos enfants demain. Et donc il était naturel dans l’esprit du gouvernement français qu’il y ait une vaste participation de la société civile.
Et au rang de la société civile, il y a un autre facteur, c’est le deuxième élément que je voulais souligner auprès de vous, c’est le rôle des entreprises. Un rôle essentiel d’abord parce que les entreprises sont en partie responsables, donc nous tous nous sommes en partie responsables de la situation actuelle, mais les entreprises sont aussi la solution, c’est-à-dire que nous ne trouverons pas de solutions satisfaisantes sans leur participation et donc la COP 21 laissera une place importante aux entreprises, au dialogue entre les entreprise et les autres piliers de la société civile, une galerie particulière leur sera réservée dans un site lui aussi tout proche de la conférence et donc nous aurons ce dialogue constant entre le monde qui produit, le monde qui consomme, le monde qui gouverne.
Voilà ce que nous souhaitons faire de cette COP 21, avec l’ambition peut-être démesurée d’aboutir à un accord, que cet accord soit ambitieux, que cet accord soit universel donc qu’il nous engage tous et que cet accord soit contraignant dans des conditions que nous avons encore à définir. Nous ne le ferons que de trois façons, d’abord en étant positif, cet accord nous devons le faire, nous n’avons pas le choix, il ne s’agit pas de détruire ou d’empêcher ou d’interdire, il s’agit de construire ensemble, de renouveler notre mode de consommation et de production, de réinventer notre façon d’être et nous devons le faire ensemble sinon il sera trop tard. Nous devons aussi être collectifs, parce que ce n’est pas un pays ou deux ou dix qui le feront ; cette fois-ci il faut que nous soyons tous ensemble et que tous les piliers représentatifs de la société civile s’associent à l’effort des gouvernements, des Etats et que cela même les écoute. Donc c’est un travail que nous devons faire tous ensemble et votre pays, et je parle à nos amis chinois qui sont ici, a manifesté son engagement, a travaillé avec le reste de la communauté internationale, nous sommes très reconnaissants des signaux qui ont été envoyés de Pékin et de la Chine dans son ensemble et nous sommes prêts à travailler de très très près avec votre pays comme avec le reste de la Communauté Internationale.
Et finalement nous devons être « offensifs », en anglais on dirait « proactive », nous devons être à la manœuvre, ne laissons pas les autres travailler pour nous, faisons-le ensemble, donc collectifs et aussi actifs. Nous n’avons plus que quelques jours pour arrêter un mouvement qui est parti trop loin. Le Premier Ministre Michel Rocard ici présent qui est un spécialiste des pôles a été l’un des vrai témoins de ce qui se produit au nord et au sud de notre planète, des conséquences gravissimes et donc, n’attendons pas que le niveau de l’eau soit trop haut maintenant, arrêtons-le, prenons les choses en mains, travaillons ensemble et je vous donne rendez-vous à Paris pour prendre les décisions qui vont changer la face de notre avenir. Merci beaucoup.
(D’après enregistrement)